Publié le :
05/05/2020 23:19:27
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Blog dentaire
Article rédigé par le Docteur LAMBOLEY Georges Chirurgien Dentiste
Le terme « plombages » peut porter à confusion : ils ne comportent en effet aucun plomb. Le terme utilisé par les dentistes est « amalgame ». Ce matériau est principalement utilisé dans l'obstruction des cavités crées par le traitement d'une carie. Mais, comme pour tout ce qui est lié au domaine médical, il est toujours préférable de bien comprendre avec quoi on vous soigne. Voici donc de multiples réponses aux questions les plus fréquemment posées par les patients.Dans l'exercice de ma profession,j'ai pu constater qu'il y avait de nombreuses inquiétudes dues à l'emploi de ces fameux " plombages",c'est la raison pour laquelle je vais essayer d'éclaircir un peu la situation à ce sujet.
Un plombage d'argent est composé à 50% de poudre d'alliages divers (argent, étain, cuivre, zinc) et de 50% de mercure. Une fois mélangé et malaxé, le produit prend la forme d'une pâte un peu plastique qui va durcir dans la cavité créée suite au traitement d'une carie. Le plombage devient alors aussi résistant qu'un tissu dentaire naturel.
La durée de vie des amalgames est plus importante comparé au composite,aux verres ionomères.
Les plombages sont utilisés par les dentistes depuis plus de 150ans, et n'ont jamais induit de problème médical scientifiquement prouvé. La qualité est donc au rendez-vous. Bien sûr, en 150ans, le produit a subit de multiples améliorations, principalement en terme de durabilité. Ces dernières années, des doutes ont été émis sur la nécessité d'utiliser du mercure dans nos plombages dentaires. Il est vrai qu'en cas d'absorption à dose élevée, le mercure est nocif pour l'homme.
C'est pourquoi on le retrouve qu'en très petite quantité dans la composition de médicaments et de produits de beauté. Mais la toxicité du mercure n'est nocif pour l'homme que lorsque les doses sont importantes, beaucoup plus importantes que la dose susceptible d'être ingérée en cas de malfonctionnement d'un plombage. Un vrai risque peu cependant apparaître en cas de multiples plombages, au delà d'une dizaine il faut faire attention, surtout si elles sont volumineuses.
Moins de 3% de la population est allergique à l'amalgame,et moins de 0,6% présente des symptômes cliniques manifestes.Les enquêtes les plus récentes en scandinavie montrent que les manifestations allergiques sont rares,mais que les réactions aux résines sont nettement plus fréquentes que les réactions à l'amalageme ou au mercure.
Lors de la mastication, le plombage peut subir des chocs un peu trop violents, il libère alors un petite quantité de particules de mercure, qui peuvent être ingérées par le patient, par le biais de sa salive. Cette infime quantité de mercure ne passe cependant pas les protections intestinales. Elle est rejetée du corps en même temps que les selles, évitant alors d'avoir un impact toxique sur le corps. Une autre partie du mercure, encore moins importante que celle ingérée, peut être inhalée par le patient sous forme de vapeur. Cette vapeur de mercure passe à travers les poumons et se loge dans le sang. La majorité des particules de mercure sont cependant rejetées avec l'urine. A ce jour, aucune étude n'a constaté de pathologie grave induite par cette ingestion ou inhalation de mercure. Aucune réaction toxique n'a été prouvée de façon scientifique. Les personnes les plus exposées au mercure sont finalement les dentistes eux-même, qui manipulent le produit plusieurs fois par mois. Encore une fois, aucune maladie professionnelle n'a été identifiée en rapport avec ce mercure.
Vous pouvez retrouver un taux de mercure similaire à celui utilisé dans les plombages dans votre alimentation, notamment dans la chair de plusieurs poissons comestibles. Même dans le cas où vous mangeriez beaucoup de poissons de manière hebdomadaire, tout en ayant plusieurs plombages, vous êtes en dessous des doses qui commencent à avoir des effets toxiques sur l'homme. Le plus grand problème entourant le mercure des plombages est en fait environnemental. Si le mercure est rejeté dans la nature, il peut avoir de graves conséquences sur l'écosystème. Depuis plusieurs années des mesures ont été prises, et la récupération et le traitement des déchets de plombages sont mieux pris en charge.
Des micro-quantités de mercure sont donc relâchées par les plombages, et peuvent rentrer la paroi du placenta de la mère. Cela est sans risque pour l'embryon ou le fœtus. Comme pour beaucoup de produits médicaux, il vaut cependant mieux prévenir que guérir. Il vaut mieux éviter de se faire poser ou retirer des plombages lorsque l'on est enceinte. Ces opérations libèrent un peu plus de mercure que lorsque le plombage repose de manière permanente dans votre bouche. Cela pourrait libérer une quantité (toujours infime) de mercure dans l'organisme de l'embryon, malgré la protection placentaire. Cela est vrai avec n'importe quel médicament lorsque vous êtes enceinte, les risques peuvent être moindres, mais il vaut mieux éviter la création de problème. Votre dentiste ne vous posera jamais de plombage lors d'une grossesse, il vous proposera des méthodes, certes temporaires, mais plus sûres. Des matériaux différents du mercure seront donc utilisés le temps que le bébé naisse. Il en est de même pour les mères qui allaitent, tant qu'il y a un risque, il vaut mieux éviter la pose de plombage.
Dès la première semaine suivant leur naissance, les enfants doivent être surveillés au niveau de leur hygiène bucco-dentaire. Si ce n'est pas le cas ou si l'enfant développe plus tard des problèmes dentaires, il n'y a aucun contre-indication les empêchant de porter des plombages. C'est plutôt le contraire, comme les plombages ont des propriétés anti-carie, ils représentent des produits de reconstruction privilégiés par les dentistes. Malgré les très nombreuses études effectuées chaque année, les plombages restent la solution la plus efficace en pédiatrie. Aucune étude n'ayant démontré la nocivité des plombages, leur utilisation chez l'enfant est une pratique courante, sauf lorsqu'il y a risque d'allergie ou un problème rénal important (comme le mercure est rejeté notamment par l'urine).
La seule contre-indication médicale liée aux plombages concerne les allergies aux métaux contenus dans ces produits. Pour un patient sans allergie, le plombage d'argent reste encore aujourd'hui le meilleur matériau.
Dans quel cas remplacer son plombage ?
Il n'y a que trois raisons qui puissent impliquer un remplacement de plombage. Le vieillissement des matériaux, des problèmes mécaniques (fissures entre autres) et l'apparition multiple et importante de caries. Le plombage est réellement le meilleur matériau dans le traitement des cavités dentaires. Il permet de contrôler la plaque bactérienne de façon satisfaisante, ce qui limite l'apparition et la récidive de multiples caries. Le plombage permet également de récréer les contacts entre les différentes dents, aidant alors à la protection de la gencive de manière efficace. Sa résistance face à la pression permet de garantir une mastication solide et sans problème. Lors de la pose de plombage on peut constater une augmentation du taux de mercure dans l'organisme. C'est pourquoi l'opération est faite en accord avec votre dossier médical. On ne pose de plombage que lorsque cela est nécessaire et qu'il n'y a pas de contre-indication médicale.
Quelles alternatives ?
Plusieurs matériaux « composites » sont actuellement mis à l'étude et testés. L'avantage principal de ce genre de matériau c'est la couleur, très proche de celle des dents, tout en collant efficacement à l’émail. Ils ne sont cependant pas utilisables par n'importe qui. Ces composites n'ont pas toutes les qualités présentes chez le plombage d'argent. Ils s'usent très rapidement et n'ont qu'une étanchéité réduite. Vous devez donc les remplacer très régulièrement, tout en sachant que leur cohabitation avec les tissus dentaires n'est pas optimale. Cela peut créer des allergies importantes, beaucoup plus fréquentes qu'avec un plombage classique. Enfin, les composites n'ont pas de propriétés anti-carie. Les concurrentes plus sérieuses sont les incrustations, qu'elles soient en métal ou en céramique. Cependant leur coût est élevé, ce qui limite l'usage qui en est fait dans le secteur dentaire.
"L’amalgame d’argent est donc un matériau d’obturation parfaitement actuel mais cette affirmation sera sans doute un jour obsolète, en premier lieu pour des causes liées à l’écologie, car il semble en effet difficile aujourd’hui de parvenir à une prise de conscience si forte qu’elle puisse faire disparaître la totalité des déchets mercuriels, et de telles pressions stigmatisent tellement ce matériau qu’on parviendra probablement un jour à trouver un matériau avec une composition sans influence sur l’environnement et qui répondra parfaitement au cahier des charges afin de remplacer définitivement l’amalgame d’argent. Cependant, à ce jour, ce matériau n’est encore que pure fiction, dans certaines situations cliniques l’amalgame est encore incontournable et aucun travail n’a prouvé scientifiquement que ce dernier était nocif au point de l’interdire formellement. " Source:(Xavier ROCHE)
De nombreuses personnes demandent l'interdiction des poses de plombages, notamment à cause des taux de mercure (pourtant inoffensifs). Comme tout produit médical, quand certaines personnes dénoncent un problème, plusieurs recherches sont effectuées. En 150 années d'existence, les plombages ont été les sujets de plusieurs centaines d'études médicales, qui sont arrivées à la même conclusion : les plombages ne représentent aucun risque pour l'organisme humain. Chaque année des dizaines d'études sont effectuées et sont recensées par l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Ces travaux sont toujours en cours, même en France, mais aucun laboratoire n'a prouvé scientifiquement que les plombages pouvaient favoriser l'apparition de certaines pathologies.
Aucun pays n'a encore interdit l'utilisation de plombage. Il existe cependant plusieurs demandes d'utilisations restrictives, non pas pour des raisons de santé, mais pour des raisons environnementales. Le mercure est dangereux pour la nature, et tous les pays ne font pas l'effort de bien traiter les déchets liés à la pose de plombages. De multiples agences se sont lancées dans l'étude des dommage liés aux plombages. Que cela soit le Conseil supérieur d'hygiène publique de France (CSHPF), l'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), ou le Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux (CSRSEN), le résultat est le même : aucune restriction concernant l'utilisation de plombage n'est énoncée. Les plombages d'argent restent donc encore à ce jour les meilleurs produits pour l'obstruction de molaires et de prémolaires. Leur durabilité, leur qualité anti-bactérienne et leur tendance à solidifier toute votre dentition en font de solides alliés dans le combat contre les caries, notamment dans la prévention de récidive. Tout autre substitut, notamment en résine ou en ciment, n'est qu'une solution temporaire à un problème permanent. Les incrustations ont cependant un avenir dans le milieu dentaire, si elles arrivent à réduire leurs coûts. Les plombages restent la solution majoritaire, et risquent de le rester bien longtemps.
BIBLIOGRAPHIE
Xavier ROCHE L’amalgame d’argent : un matériau d’obturation actuel ?
AFSSAPS Le mercure des amalgames dentaires
MINISTERE DE LA SOLIDARITE ET DE LA SANTE
Les matériaux d’obturation alternatifs aux amalgames dentaires